La Peur Du Noir

Publié le par atwistinmystory

Aussi loin que remontent les souvenirs de mon enfance, ma plus grande peur, celle qui m'a tyrannisée durant de nombreuses années, c'était l'obscurité. Le seul moyen qu'avaient trouvé mes parents pour que je m'endorme sans souci - et sans avoir besoin de leur présence, par la même occasion - c'était de laisser la porte de ma chambre grande ouverte avec la lumière du couloir allumée. Une fois endormie, ils éteignaient la lumière sans penser à l'idée que je puisse m'éveiller pendant la nuit. Je n'ai pu m'endormir que de cette façon là jusqu'au milieu de ma primaire environ, vers 7 ou 8 ans, alors qu'on me disait que j'étais une grande fille.

J'avais pourtant essayé plusieurs fois, je savais bien que cette lumière allumée dans le couloir c'était contraignant, qu'ils devaient revenir pour l'éteindre toutes les nuits en s'assurant que j'étais bien endormie, et alors si ce n'était pas le cas, c'était à grands cris que je le faisais savoir. Mais cette obscurité me tétanisait pendant un instant, elle me coupait le souffle, l'oreille aux aguets, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement alentours, les yeux grands ouverts fixant toute ombre suspecte, puis la panique s'emparait de moi. Je n'avais pas peur d'un monstre sous mon lit ou d'un quelconque mythe pour enfant, non, j'étais plutôt appeurée par le simple fait d'être seule dans le noir. Mes frères, eux partageaient leur chambre, et mes parents, ces traîtres, me laissaient seule dans cette chambre sombre pour aller passer leur nuit ensemble !

Il m'arrivait parfois de me réveiller à la suite d'un cauchemar peuplé d'esprits et de revenants au cours duquel je m'étais emmêlée dans mes draps, c'était alors entre deux respirations difficiles - annonçant une douloureuse crise d'asthme - que j'appelais ma mère à l'aide, cédant à la panique. Nombre de fois je me suis éveillée dans le noir pour me mettre à suffoquer jusqu'à n'en plus pouvoir respirer. L'obscurité était trop pesante, elle s'insinuait par mes narines, ma bouches, les pores de ma peau, polluait mes poumons et pesait sur ma poitrine pour m'étouffer, me tuer doucement, c'était toujours cette même sensation. Le fait de ne rien voir, d'avoir tous les autres sens en alerte, me mettait dans un état de stress tel que mes nuits, et par ailleurs celles de ma mère, n'ont pas souvent été paisibles.

Une seule chose me curait de ce mal, une présence. Quand je partageais ma chambre avec ma cousine, la nuit ne me faisait plus peur. A deux on est toujours plus forts. Peut-être était-ce, en fin de compte, la peur d'être abandonnée ou d'être seul qui prédominait réellement ?

Toujours est-il que cette peur est passée. Je ne serais pas capable de me souvenir depuis quand ou bien à la suite de quel évènement, mais cette terreur quasi omniprésente a fini par s'effacer. Sans doute pour céder la place à de nouvelles phobies, beaucoup plus ancrées dans mon subconscient et beaucoup plus plausibles pour la partie consciente de mon être. Malgré tout, il m'arrive encore parfois, lorsque je suis seule dans ma chambre et dans l'obscurité, de tendre l'oreille et retenir mon souffle pour m'assurer que tout est normal, d'allumer la lumière pour aller vérifier les quatre coins de la pièce, et finir par m'endormir, avec cette même lumière belle et bien allumée.

Est-ce un reste de cette phobie qui m'a tourmenté pendant plusieurs années ? Une mauvaise habitude d'enfant gâtée à laquelle je m'accroche inconsciemment ? Une façon de me sentir rassurée ?

Je suis incapable de répondre à ces questions, je n'ai en moi que la capacité de coucher les mots, les sentiments et les sensations sur le papier et les faire partager, avec mes expériences, mes souvenirs et mes idées parfois fantasques.

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